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Stephanie Cornfield
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DigixoComment êtes-vous arrivée à la photographie ?

Stephanie Cornfield l J'étudiais les sciences politiques dans une Université Américaine, je voulais être reporter de guerre, j'ai eu un petit ami qui était d'ailleurs reporter de guerre pour CBS News, pendant 2 ans j'ai vu au plus près ce que c'était et j'ai pensé alors ne pas être assez forte psychologiquement. Je voulais ensuite faire un master dans une école de cinéma à Los Angeles. Mon père Hubert Cornfield ayant été réalisateur à Hollywood et mon grand père patron de la Fox pour l'Europe et le Moyen-Orient.

Ce n'est que tardivement et par accident, plus tard que je m'intéresse à la photographie, je navigue entre Londres et Paris. Après avoir été photographe staff pour Best, un magazine de rock célèbre à Paris, j'ai aussi réalisé des couvertures d'album et des photos de promotion pour différents grands labels avec une rencontre marquante avec Iggy Pop qui m'influença fortement. Je photographiais régulièrement la vie nocturne underground de Paris, Londres et New York, m'adonnant souvent à une vie rebelle. C'est par le plus grand des hasards, par le destin, que je rencontre mon oncle Bernie Cornfeld, homme d'affaires très flamboyant et playboy international qui me fit percevoir les dessous de la jet-set. Au fil des années, et avec du culot, au bluff lors de mes premiers festivals, tout s'enchaîne, j'ai réussi à me constituer un répertoire et me faire un nom en tant que photographe de stars.

Digixo l Comment vous êtes-vous formée ?

SC l Je suis autodidacte, j'ai juste pris quelques cours à la Parsons School à Paris. J'ai fait aussi un stage au "Studio DayLight " et au studio "Le Petit Oiseau va Sortir" à Paris.

DigixoVous avez photographié de nombreuses personnalités publiques, comment appréhendez-vous chaque portrait ?

SC l Je m'intéresse à leur parcours, j'essaie d'imaginer un lieu, un univers qui fasse ressortir leur personnalité.

Digixo l Vous êtes également photographe de plateau et faites de la photo documentaire, qu'est-ce qui vous inspirent le plus ?

SC l La vie dans un monde parallèle est ce qui me plaît en exerçant le métier de photographe de plateau, c'est un travail d'équipe et si cela se passe bien c'est comme une famille. C'est un métier difficile, c'est un challenge à chaque fois et j'aime les challenges. On m'engage parfois sur des tournages pour faire ce qu'on appelle les Specials, on me donne carte blanche, j'ai toute la liberté de création et c'est un véritable luxe. La photo documentaire est ma passion, c'est un travail plutôt en free style et c'est ce qui me plaît.

Digixo l Quel est votre matériel de prédilection ? Adaptez-vous votre matériel selon le type de photo à faire ?

SC l Nikon D800, Noblex 50, j'aimerais utiliser les séries de Nikon Z pour la photo de plateau mais ils ne sont pas encore au point pour les prises de vue nocturnes paraît-t-il.

Digixo l Quels sont vos futurs projets photographiques ?

SC l Demain je pars photographier la Maha Kumbh à Haridwar, c'est le plus grand rassemblement hindu qui a lieu tous les 12 ans. Ça va être d'autant plus historique en raison de la situation sanitaire. J'ai différents projets de films pour faire de la photo de plateau et je couvre le festival de Cannes pour le LA Times en réalisant des portraits spéciaux comme je le fais depuis plus d'une décennie.

Digixo l Pouvez-vous choisir pour nous 4 photos que vous avez faites qui vous ont particulièrement marqué et nous les commenter brièvement ?

Jim © Stephanie Cornfield 

SC l Une photo que j'ai fait très récemment à Varanasi en janvier 2021 lors de funérailles, j'ai photographié un mort, il y avait de la brume, c'est lors de l'editing de mes photos que j'ai découvert son visage. Ce fut un choc, j'ai compris avoir fait une de mes photos les plus puissantes et cela m'a beaucoup ému. La lumière, l'expression paisible renforcent l'idée d'une image sainte, le choix d'un certain cadrage avec le plan sur les jambes coupées appuie l'impression de solitude, le personnage au loin vêtu de blanc semble veiller. En tant qu'artiste, il faut savoir parfois franchir la ligne. Photographier un mort peut être associé à une forme d'irrespect mais si la photo est belle, elle transcende l'idée de la mort.

Varanasi 2019   © Stephanie Cornfield 

Une autre photo que j'ai prise à Varanasi en janvier 2019, je faisais des photos au milieu de la nuit comme à mon habitude, il y a eu tout à coup une coupure de courant, le ghat n'était plus éclairé que par les crémations, j'étais un peu loin mais j'entrapercevais le burning ghat, j'ai compris que c'était un moment exceptionnel, je me suis mise à courir pour y accéder au plus vite, j'ai pu à ce moment là assister à cette scène anachronique et la photographier. Un type s'est précipité sur moi, "efface tes images" me dit-il, heureusement j'avais sympathisé avec un jeune du coin qui m'a protégé et introduit. Les femmes ne sont pas les bienvenues, considérées comme des êtres faibles, c'est la société patriarcale dans toute sa splendeur, les photographes n'ont pas de droit d'entrée alors vous imaginez une femme et photographe de surcroît. Tout se fait avec des bakchich, des arrangements et bien sûr des sourires.

Cannes 2004   © Stephanie Cornfield

Mon portrait de Tsui Hark, déjà pour son aspect visuel très graphique, son mouvement, son énergie. On sent toute la malice dans le regard de Tsui très joueur. Et aussi pour son histoire, la back stage story que voici. Lorsque je me suis approchée pour parler avec Tsui Hark, le réalisateur de Il était une fois en Chine (un film de Kung Fu avec Jet Li), il était assis à la terrasse de l'hôtel Martinez à Cannes en compagnie d'une femme se présentant comme son manager et qui se révéla également être son épouse. Je lui ai montré l'une de mes photographies de David Lynch qui avait été publiée et lui ai proposé un shooting. Cette manière de faire n'est pas habituelle lors du Festival de Cannes où la majorité des rendez-vous sont organisés par une armée d'attachés de presse qui vous laissent, pour vos photos, juste un créneau entre les interviews télés et les tables rondes. C'est la cruelle réalité des festivals de films actuels où tout est planifié, minuté, chronométré, sans spontanéité, alors qu'autrefois vous pouviez vous balader sur la plage, rencontrer votre star préférée et discuter avec elle. Tsui Hark accepta de faire ce shooting lors du dernier jour du festival étant donné qu'en tant que membre du jury, il était très occupé jusque-là. J'ai composé le numéro de Honk Kong qu'on m'avait donné. J'ai appelé une fois, deux fois, pas de réponse... J'ai tenté une dernière fois et, miraculeusement, j'ai eu une réponse. Le rendez-vous fut fixé le lendemain matin dans le hall de l'hôtel Martinez. Nous avions prévu 30 minutes, mais nous avons eu tellement de plaisir ensemble, jouant avec les cordes et tous les objets nous entourant sur la plage que la séance dura 2 heures 30. Ce cliché est mon préféré, il montre son véritable amusement et donne l'impression que son corps est coupé en deux. On ne comprend pas réellement ce qui se passe, en réalité, il est en train de me jeter du sable, ce qui explique le côté effronté de son regard ! Nous avons alors échangé nos numéros, nous nous sommes salués et j'ai repris le train pour rentrer à Paris. Après avoir rechargé mon portable et l'avoir rallumé, je me suis aperçue que j'avais 9 messages en attente, tous provenant de sa femme et manager. Les premiers étaient calmes, ce qui n'était plus du tout le cas des derniers. Tsui Hark manqua son vol ce jour-là... Nous avions eu tellement de plaisir à réaliser ces photographies que nous avions perdu la notion du temps... Je lui ai envoyé un mail avec l'ensemble des clichés mais je n'ai pas reçu de réponse. Par la suite, je l'ai rencontré au Festival du film de Venise où je me suis excusée. Il m'a dit que ce n'était rien et me remercia pour les belles photographies. Étonnamment, j'ai réussi à obtenir son numéro de bureau à Hong Kong pour présenter mon travail de photographe de plateau, l'histoire continue...

Los Angeles 2010   © Stephanie Cornfield

Mon portrait d'Amanda Plummer. Amanda Plummer est connue pour la scène de la cafétéria qu'elle joue avec Tim Roth dans Pulp Fiction. Je l'ai rencontrée pour la première fois dans un Starbucks sur les collines d'Hollywood, puis on s'est revu à la Mostra du film à Venise où je devais la photographier, ce qui n'a pas pu se faire. Environ trois ans plus tard, je l'ai à nouveau rencontrée à Cannes et nous sommes restées en contact pour arranger un shooting chez elle à Los Angeles. J'ai installé un dispositif de fumée afin de rendre la photo plus mystérieuse, mais le nuage émis par la machine a alerté les voisins qui, croyant qu'il y avait le feu, ont frappé à la porte. Le tapis et son installation audio étaient endommagés. J'ai donc dû les remplacer. C'est la séance photo la plus chère que j'ai réalisée. Malgré la fumée, Amanda prit la pose, continua à sourire et à garder une attitude positive. Quel être humain splendide, je l'adore. Suite à cette séance, Amanda m'a écrit cette merveilleuse référence pour mon catalogue : « Stephanie Cornfield est une magnifique chasseuse d'images, cherchant avec son appareil photo ce moment inattendu. C'était une expérience pleine de vie, voracement pleine de vie. J'aime sa passion et sa capacité à trouver cet instant où une âme s'offre à elle. » Amanda Plummer

Pattaya 2020   © Stephanie Cornfield

Dans ce portrait, mon amie JH ressemble à une sirène sensuelle. J’ai rencontré JH il y a 10 ans à Shanghai alors que je travaillais sur un film. Nous nous sommes tout de suite appréciées même si nous venions d'horizons différents. On s’est perdu de vu pendant quelques années, j’ai donc été agréablement surprise lorsque JH m’a recontacté par hasard. Nous avons discuté d’un shooting à Shanghai. Le Coronavirus a interféré dans nos plans et elle m’a finalement demandé de la photographier à Bangkok. Pour cette photo, le shooting s’est déroulé à Pattaya, près de la plage dans une nuit tropicale, deux amies ont réalisé leur rêve. Après le shooting photo, elles sont retournées respectivement à Shanghai et Mumbai, l'une pour poursuivre sa vie professionnelle, et l'autre sa vie artistique, elles se séparent à cause du Covid et souhaitent se retrouver bientôt pour une vie libre et pleine d’aventures. Cette photo s’intitule Heat. Elle se trouve actuellement en vente dans une galerie à Berlin.

www.galerie-z22.com

Police, Anne Fontaine, Ville d'Aubray 2019   © Stephanie Cornfield

Concernant les photos de Grégory Gadebois, il a été le premier que j'ai photographié sur le tournage du film Police, Anne Fontaine m'ayant dit juste avant "vous vous débrouillerez ?!". Par la suite, elle m'a guidée et a été très attentive. Alors j'ai emmené Grégory et j'ai fait ma propre lumière, l'intimité créée et le temps à notre disposition m'a donné la liberté de m' exprimer artistiquement. Il m' a rappelé le rôle du détective privé joué par Emmet Walsh dans Sang pour Sang, un de mes films favoris des frères Cohen. J'ai eu donc ce feeling, à travers la lumière et la composition on crée une image atmosphérique, on façonne son personnage. Grégory a été mon favori, révélant des expressions à la fois subtiles et intenses, une présence extraordinaire ... La photo de l' arbre a été mon image préférée étant une image très graphique, l'arbre symbolisant la vie. Le flic regarde au loin comme s'il réfléchissait à son destin, à sa propre vie la remettant en question, autant d' interrogations qui me paraissaient être le thème central du film.

Berlin 2005   © Stephanie Cornfield 

J’ai rencontré Birol pour la première fois en 2004 lors de la promotion de l'excellent film de Fatih Akin, Head On. L’année d’après, je l’ai revu par hasard à l’occasion du festival du film de Berlin et un ami photographe m’a dit qu’il avait réalisé un super shooting photo de lui. J’ai donc interpellé Birol et je lui ai dis que j’étais extrêmement jalouse de ce photographe, je devais également avoir une session photo avec lui à tout prix ! Il m’a fait son plus beau sourire et m’a dit « Je ne veux pas qu’une femme souffre, bien sûr faisons-le ! ». Le jour d’après, je l’ai en effet rencontré avec sa petite amie de l’époque, je ne préciserai pas son nom, ils étaient très amoureux et c’était très touchant de les voir ensemble. Nous avons pris une voiture et roulé jusqu’au milieu de nulle part, c’était parfait. Cette photo a été prise dans la neige et donne une impression d’éternité. Si vous avez été assez chanceux pour rencontrer Birol, vous ne l’oublierez jamais, le plus doux et charmant sourire avec un regard intense et rebelle capable de sonder votre âme… Envolé trop tôt, Birol restera à jamais gravé dans nos mémoires. 

Los Angeles 2002   © Stephanie Cornfield 

Je me suis rendue chez David Lynch sur Mulholland Drive à Los Angeles. C'était un sentiment incroyable de pénétrer dans le lieu où il tourna Lost Highway, l'un de ses films que je préfère. David m'a demandé s'il pouvait allumer une cigarette. Habituellement, c'est plutôt le photographe qui invite son modèle à fumer pour obtenir une posture intéressante. Il m'a vraiment offert quelque chose de particulier ce jour-là, une présence très intense, un regard perçant, phénomène relativement rare dans les portraits de David Lynch où subsiste toujours une certaine distance comme s'il était « ici et ailleurs » à la fois.

Digixo l Si vous aviez un conseil à donner à un photographe qui souhaite faire du portrait ?

SC l De se mettre au plus prêt, au sens figuré du terme, de l'être photographié. De créer une complicité immédiate. Avec le numérique, c'est d'autant plus facile lorsque l'on montre quelqu'un sous son meilleur jour, on créé une excitation, un enthousiasme, une énergie indispensable à un shoot intéressant.

© Stephanie Cornfield

Suivez Stephanie Cornfield sur Instagram @nomadic_mirrors et Twitter @scornfield 

Dernière mise à jour le 28/03/2024

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Commentaires

Arno Bali - Wednesday 24 March 2021
Steph....,baroudeuse, chasseuse d'image et magicienne du protrait.
Amoureuse de la vie et de tous ses instants, tu fais vivre nos esprits en figeant nos expressions les plus purent. A très bientôt Steph
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